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Craquer or not craquer ? Comment je travaille au cabinet.

  • Photo du rédacteur: Lucile GROMEK
    Lucile GROMEK
  • 11 juil. 2024
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 janv.

Lorsqu'on vient me consulter au cabinet on me pose souvent la question suivante : "Est ce que tu fais craquer ?" (sous entendu : utilises tu des manipulations qui font des bruits de craquements articulaire lors des séances ?).

Il est toujours délicat de répondre simplement à ce genre de question autrement que par la réponse suivante : "ça dépend."


Le bruit de craquement est probablement le résultat de la formation d'une bulle de gaz au sein de l'articulation. Cette dernière peut être définie comme la partie unissant deux os permettant le glissement et donc le mouvement entre eux.


Dans cet article j'aimerai vous présenter MA manière de travailler et les grandes lignes qui guident ma pratique au cabinet. J'espère que cette présentation vous permettra de mieux comprendre comment je travaille et pourquoi. Ces principes et cette description ne concernent que moi, si vous consultez un autre ostéopathe que moi n'hésitez pas à lui demander directement comment il travaille.

Ma pratique de l'ostéopathie se base sur des principes simples. J'en cite ici 3 d'entre eux qui me paraissent importants et pertinents. Ils sont détaillés dans cette première partie de l'article.

"Primum non nocere"

Vous avez peut être déjà entendu cette locution latine qui peut se traduire en français par "Tout d'abord, ne pas nuire". Cette phrase est un des principes fondamentaux en médecine. Avant d'apporter un soin à une personne on s'assure tout d'abord de ne pas lui apporter plus de problèmes qu'elle n'en a déjà. On peut tout à fait et il est même souhaitable de l'utiliser pour la pratique de l'ostéopathie.

Pour appliquer du mieux possible le principe de précaution en séance je réalise durant celle-ci un examen clinique (tests réalisables au cabinet) pour écarter des risques, des maladies ou la présence de blessures chez mon patient. Ma discussion avec le patient est

également riche d'indices et d'informations importantes. En plus de prendre le maximum de précautions possible, ces informations me permettent d'adapter ma pratique à la personne qui se présente à moi et de lui apporter les soins et conseils les plus adaptés à sa situation.

Les ostéopathes sont autorisés à recevoir des patients n'ayant pas forcément vu leur médecin au préalable, ils sont alors la première personne que le patient consulte, cela s'appelle la "première intention".

Si le patient a vu son médecin avant et qu'il a jugé bon de l'adresser à un ostéopathe il est malgré tout intéressant de réaliser à nouveau un examen clinique car cela permet de renforcer la sécurité de la prise en charge. En effet, tout le monde n'utilise pas les même tests cliniques, les tests peuvent être réalisés différemment et la situation aurait également pu évoluer depuis la consultation chez le médecin.

"Patient-partenaire"

Le patient qui nous consulte est l'essence même de la consultation. Par principe il est nécessaire à la réalisation d'une séance autant que l'est le thérapeute. C'est la rencontre entre ces deux individus qui donne naissance à la relation de soin. Il est porteur d'informations que le thérapeute ne peut pas avoir, comme le thérapeute est porteur de connaissances que le patient n'a pas. Ils sont donc complémentaires. Adopter une relation de la patient-partenaire en séance est donc selon moi la meilleure manière de prendre en charge un patient.

En plus d'être une approche plus efficiente, elle est aussi plus agréable comme pour le patient que pour le thérapeute. Dans une relation de collaboration, chacun prend le temps d'écouter l'autre avec respect, chacun prend en compte son point de vue et tous deux cherchent la meilleure solution pour soulager le problème rencontré.


"S'informer et reconnaître ses limites"

L'intérêt quand on travaille avec l'humain c'est qu'on apprend de nouvelles choses chaque jour.

Je participe régulièrement à des formations et je lis des documents informatifs de toute sorte. Par définition l'humain est complexe et recèle bien des secrets. Il est donc impossible de tout savoir sur le corps humain, ceux qui le prétendent ignorent probablement qu'ils ignorent des choses. Pour ne pas finir dépassé il faut donc suivre les dernières mises à jour scientifiques et ceci de manière régulière.


Parfois la problématique des patients dépasse notre champ de compétence. Il est alors dans leur intérêt de savoir le reconnaitre et de les guider vers la personne qui semble être la plus apte à les aider.




Craquer or not craquer ? This is the question ("Craquer ou ne pas craquer ? C'est LA question." pour les non anglophones). Maintenant que vous comprenez un peu mieux ma manière de voir les séances d'ostéopathie je pense que vous êtes plus à même d'imaginer dans quelle situation il serait intéressant ou au contraire quand il faudrait éviter de réaliser des manipulations.

"Pourquoi faire craquer ?"

Dans certaines situations lorsque c'est adapté aux besoins et à la situation du patient il est possible d'utiliser des techniques manipulatives qui peuvent faire *crac*. On peut utiliser ces techniques notamment lorsqu'elles peuvent être réalisées en toute sécurité, lorsque le patient a déjà répondu favorablement à ce genre de techniques et lorsque les manipulations sont adaptées aux objectifs de la consultation.

Les techniques manipulatives ostéoarticulaires permettent des changements à court terme [2, 3] (et ce, peu importe qui les réalise). Elles peuvent aussi permettre de faire ressentir une expérience différente au patient pour changer leur perception de la situation et leur permettre d'avancer.


"Pourquoi ne pas faire craquer ?"

Les manipulations présentent extrêmement peu de risques chez les personnes en bonne santé [1]. En revanche, il faut écarter tout problème nécessitant des soins médicaux qui pourrait être une contre-indication à la manipulation. Dans les cas où le patient cherche une amélioration durable sur des problématiques anciennes et récurrentes, il est peu probable que la manipulation soit la meilleure solution à long terme.

Parfois les possibilités techniques ne sont pas réunies lors de la séance (manque de matériel, gabarits inadaptés, sensibilité trop importante/impossible de mettre en position le patient). Le patient peut aussi refuser qu'on use de manipulations faisant craquer et dans ces cas là il est primordial de respecter son consentement.


"Les autres solutions"

"Faire craquer" est l'outil le plus souvent médiatisé car le plus impressionnant, mais comme vous l'avez sûrement compris, il n'est pas toujours le plus adapté. Bien heureusement il n'est pas le seul outil à disposition des ostéopathes. En séance d'ostéopathie il est possible d'utiliser des techniques couramment nommées "douces" comme poser simplement les mains avec attention sur le patient. On peut également mobiliser les articulations (accompagner le mouvement articulaire pour aider le patient à les bouger ou encore que le patient les bouge tout seul) ou des étirements. Dans certains cas particuliers on peut passer par des exercices de visualisation. Il est aussi possible d'évaluer la réponse des patient lors de mouvements pour évaluer leur pertinence et adapter au mieux les conseils d'activité physique. Les ostéopathes prodiguent également des recommandations personnalisées pour permettre aux patients de mieux savoir comment réagir face à leur problématique.


Merci de m'avoir lu jusqu'ici. J'espère que vous avez une meilleure idée de comment je travaille au cabinet. Si malgré cet article vous avez encore des questions à me poser n'hésitez pas à les poser en commentaires ;)


Prenez soin de vous.


Références :

  1. Gabrielle Swait, Rob Finch 2017 What are the risks of manual treatment of the spine? A scoping review for clinicians doi: 10.1186/s12998-017-0168-5

  2. Joel G Pickar 2002 Neurophysiological effects of spinal manipulation https://doi.org/10.1016/S1529-9430(02)00400-X

  3. Sidney M Rubinstein 2019 Benefits and harms of spinal manipulative therapy for the treatment of chronic low back pain: systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials doi: https://doi.org/10.1136/bmj.l689

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